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Gaza : l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair prêt à jouer un rôle clé

Gaza : l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair prêt à jouer un rôle clé

C’est « la meilleure chance de mettre fin à deux années de guerre » dans la région. L’ex-Premier ministre britannique, Tony Blair, a salué le plan « audacieux et intelligent », présenté lundi 29 septembre par Donald Trump pour la paix à Gaza. Celui-ci prévoit que le territoire palestinien soit administré, après sa démilitarisation, par un gouvernement apolitique gérant « les affaires courantes », lui-même sous la coupe d’un « comité de paix » international, dont devrait faire partie le dirigeant travailliste. Si l’annonce peut paraître surprenante, Tony Blair a en réalité un historique avec le Moyen-Orient.

Tandis que nombre de pays occidentaux ont reconnu la semaine passée l’Etat de Palestine à l’ONU, leurs dirigeants se disputent la question du « jour d’après » : qui va gouverner le petit territoire ravagé par la guerre ? La France et l’Arabie saoudite ont notamment présenté la « Déclaration de New York sur la mise en œuvre de la solution à deux États », comprenant l’établissement d’un gouvernement provisoire à Gaza, sous l’égide de l’Autorité palestinienne. Un plan pas tout à fait du goût de Donald Trump, qui a fait une contre-proposition en 20 points, lundi.

Feu vert des Etats-Unis et des pays du Golfe

L’esprit général du plan, à commencer par l’établissement d’une force internationale pour diriger l’enclave de manière transitoire, serait en réalité l’œuvre de Tony Blair. « Quelques semaines après le déclenchement de la guerre à Gaza, il s’était rendu à plusieurs reprises à Jérusalem et avait demandé à sa fondation londonienne d’élaborer un plan pour un mandat d’après-guerre », explique The Economist. Selon différentes sources, il pourrait diriger une instance appelée « Autorité internationale de transition pour Gaza ».

« Ce conseil de la paix serait présidé par Trump, et Blair en serait membre, aux côtés d’autres chefs d’État à annoncer. Il superviserait un groupe exécutif d’administrateurs et de technocrates palestiniens, chargés de la gestion quotidienne de la bande de Gaza, et transférerait à terme la gouvernance à l’Autorité palestinienne basée en Cisjordanie », détaille pour sa part le Washington Post. Le gouvernement serait basé à El Arish, province égyptienne voisine de l’enclave. Ce plan bénéficierait du soutien des pays du Golfe, qui devraient financer une grande partie de la reconstruction du territoire, tandis que la sécurité serait confiée, elle aussi, à « une force internationale ».

Controversé dans la région

Mais la figure de l’ancien dirigeant travailliste, au pouvoir au Royaume-Uni entre 1997 et 2007, ne fait pas l’unanimité dans la région. Tony Blair y reste, en effet, associé à l’invasion de l’Irak (en 2003), menée aux côtés des Etats-Unis sur la base de fausses informations sur la détention d’armes de destruction massive par les autorités. En 2016, une commission d’enquête indépendante avait conclu qu’il avait lui aussi délibérément exagéré la menace posée par le régime irakien.

L’intervention de l’ex-Premier ministre britannique dans la région ne s’est pas arrêtée là. Après son passage à Downing Street, Tony Blair a été nommé envoyé spécial du Quartet – groupe chargé de trouver une solution au conflit israélo-palestinien. Mais après huit ans à ce poste, il n’est parvenu à aucune avancée significative dans le dossier.

Il conserve néanmoins de bons liens sur place, en particulier avec Israël : Yossi Cohen, ancien chef du Mossad, a dit vendredi sur la BBC qu’il « adorait » l’idée que le Britannique prenne la tête de Gaza, qualifiant Tony Blair de « personne formidable ». « Pour ses partisans (et il en a beaucoup en Israël), il est un intermédiaire de confiance, perçu comme potentiellement utile pour contraindre Netanyahou à accepter certaines conditions – comme l’implication palestinienne dans l’administration de Gaza – qui susciteront la colère des faucons israéliens », explique le Washington Post.

Le spectre d’une « administration britannique »

C’est en effet le principal point de crispation : le rôle confié aux organisations palestiniennes, en particulier l’Autorité palestinienne (AP), dans la gestion de l’après-guerre. Cette dernière, tout en saluant « les efforts sincères » de Donald Trump pour la paix, avait indiqué en fin de semaine : « Nous n’avons pas besoin d’un autre représentant ». « Le seul camp capable d’administrer Gaza est un gouvernement palestinien, et rien d’autre », a déclaré Mahmoud Habbash, conseiller principal de Mahmoud Abbas, dirigeant de l’AP.

La condition d’une gouvernance internationale pourrait également bloquer les négociations du côté du Hamas. Selon les médiateurs égyptiens, « si une vision politique était adoptée, le Hamas déposerait les armes et laisserait un gouvernement palestinien technocratique administrer la bande de Gaza. Mais si ses membres se voient interdire de travailler dans les secteurs de l’éducation et de la santé, le groupe pourrait hésiter », rapporte The Economist.

C’est aussi le spectre d’un retour d’une administration britannique qui fait grincer des dents. Après avoir approuvé la déclaration Balfour en 1917, promettant la création d’un foyer national juif en Palestine, la Grande-Bretagne avait conquis Gaza rapidement. Elle y était restée 30 ans. Aujourd’hui, certains Palestiniens craignent que la Grande-Bretagne ne répète l’opération. Mais le plan des Etats-Unis le jure : l’objectif ultime d’une autorité de transition est de transmettre le pouvoir à une Autorité palestinienne « réformée et renforcée » dans le cadre, à terme, d’un État palestinien indépendant.



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Publish date : 2025-09-30 08:23:00

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