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Donald Trump en Asie : un voyage pour rassurer les alliés, déstabilisés par le bras de fer avec Pékin

Donald Trump en Asie : un voyage pour rassurer les alliés, déstabilisés par le bras de fer avec Pékin

Il a quelques jours pour trouver un « deal » avec la Chine, avant l’expiration de la trêve commerciale entre Washington et Pékin, le 10 novembre prochain. Donald Trump est actuellement en visite en Asie du Sud-Est où il participe à un sommet de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), à Kuala Lampur (Malaisie), avant un passage par le Japon et la Corée du Sud. L’objectif : reprendre les négociations avec la Chine, à un moment de regain des tensions commerciales, et rassurer ses alliés régionaux, déstabilisés par la guerre économique à laquelle se livrent les deux géants, au moyen de taxes douanières.

« Pour les États-Unis, l’Asie du Sud-Est est précieuse non seulement en raison de la taille de son marché, mais aussi de son importance stratégique en tant que rempart contre la Chine », relève le New York Times. D’autre part, les Etats-Unis sont la première destination des exportations en provenance du Vietnam, des Philippines, de la Thaïlande ou encore du Cambodge. La plupart des pays d’Asie du Sud-Est ont été frappés par des droits de douane d’environ 20 % – un coup dur pour ces économies.

Trêve commerciale

« Les délégations chinoise et américaine se sont retrouvées samedi matin pour des discussions sur des questions économiques et commerciales », a rapporté l’agence officielle Chine-nouvelle, confirmant le démarrage des discussions. Elles se poursuivront jeudi, en marge du sommet de la Coopération économique Asie Pacifique (Apec) organisé dans la ville sud-coréenne de Gyeongju à partir du 31 octobre.

Les deux plus grandes puissances économiques du monde se livrent une âpre bagarre commerciale depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier. Après une période de relatif apaisement, les tensions sont remontées d’un cran en octobre depuis l’annonce par la Chine d’un renforcement des contrôles sur les exportations de terres rares et les technologies nécessaires à leur raffinage.

Donald Trump a de son côté brandi en réponse la menace de 100 % de droits de douane supplémentaires pour les produits chinois. Il avait néanmoins adouci par la suite son discours et les deux parties étaient convenues de nouvelles négociations. Une série de précédents pourparlers à Genève, Londres, Stockholm et Madrid ont permis pour l’instant d’éviter aux deux puissances de mettre à exécution leurs menaces de droits de douane punitifs respectifs.

« M. Xi aborde probablement les négociations avec le sentiment que la Chine a le dessus. Les nouvelles règles d’exportation des terres rares, indispensables à la quasi-totalité des technologies modernes, lui confèrent un puissant levier. L’Amérique est encore loin de trouver des alternatives appropriées », commente David Pierson, correspondant à Hong Kong du New York Times.

Donald Trump devrait également profiter de la réunion de l’Asean pour faire approuver, dimanche, un accord commercial avec la Malaisie, mais aussi un accord de paix entre la Thaïlande et le Cambodge, dont il s’attribue la paternité.

Rassurer les alliés japonais et sud-coréens

Le président américain se rendra par la suite au Japon, où il rencontrera la nouvelle première ministre Sanae Takaichi. Cet été, Tokyo a bénéficié d’une légère baisse des droits de douane sur ses exportations, généralisés à 15 %, en échange de s’engager à injecter 550 milliards de dollars dans l’économie américaine. Mais les détails et la manière dont le Japon réalisera ces investissements sèment encore la discorde avec la Maison-Blanche.

Un accord similaire a été conclu avec Séoul, qui s’engage à investir 350 milliards de dollars aux Etats-Unis, en échange de droits de douane moins élevés sur ses exportations. Washington veut en effet éviter de mettre face au mur son allié sud-coréen, puisque le pays abrite la plus grande base militaire américaine à l’étranger. Un atout pour dissuader aussi bien l’ennemi nord-coréen que la Chine.

Des nations « prises entre deux feux »

Mais l’économie de la Corée du Sud, qui repose sur ses exportations, dépend également du commerce avec Pékin, raison pour laquelle son président, Lee Jae-myung, ne souhaite pas s’opposer frontalement à la Chine. Lors d’une visite à Washington cet été, il avait reconnu qu’il devenait de plus en plus difficile de maintenir un équilibre face à la concurrence entre les deux géants : « Il n’est plus possible de maintenir ce genre de logique. »

« Les gouvernements d’Asie sont de plus en plus contraints de choisir leur camp. Les pays pris entre deux feux, comme la Thaïlande, Singapour et l’Indonésie, doivent déterminer comment tirer profit de la concurrence sans en être les otages », analyse David Pierson. « Pékin a cherché à tirer profit de cette incertitude en proposant des accords commerciaux à ses voisins. »

La Chine souhaite en effet profiter de la crise de confiance et l’instabilité générée par la guerre tarifaire qu’appliquent les Etats-Unis (y compris à leurs alliés historiques) pour s’affirmer comme la seule puissance capable de concurrencer leur hégémonie dans la région. Une logique que la visite de Donald Trump cherche à contrer.



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Publish date : 2025-10-25 12:59:00

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