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Russie : des soutiens de Vladimir Poutine désormais visés par sa politique de répression

Russie : des soutiens de Vladimir Poutine désormais visés par sa politique de répression

La répression orchestrée par Vladimir Poutine, jusqu’ici dirigée contre les opposants, semble désormais se retourner contre ses propres défenseurs. Une purge silencieuse s’abat sur ceux qui, il y a encore peu, célébraient la guerre et faisaient l’éloge du Kremlin. Etre loyal envers le régime devient aujourd’hui un risque : les partisans du président russe se retrouvent dans le collimateur de l’appareil répressif qu’ils servaient.

Les soutiens désormais ciblés

Pendant des années, certaines figures pro-Kremlin ont incarné la ferveur patriotique que Moscou cherchait à promouvoir. Parmi elles, un commentateur médiatique qui louait la grandeur de Poutine sur les chaînes étrangères, un blogueur militant collectant des fonds pour les troupes russes et prônant une rhétorique génocidaire contre l’Ukraine, et un volontaire ukrainien de l’armée russe, commentateur pour RT, qui regrettait que l’invasion n’ait pas commencé plus tôt.

Mais la loyauté ne protège plus. Ces personnalités, ainsi que d’autres fidèles du Kremlin, ont été récemment étiquetées comme « agents étrangers », une appellation qui servait autrefois uniquement à stigmatiser les voix critiques de Vladimir Poutine. Cette désignation les oblige à se déclarer publiquement, sur les réseaux sociaux. En conséquence, cela les plonge dans des difficultés financières importantes.

Parmi eux, Sergueï Markov, analyste politique proche des élites azerbaïdjanaises, est tombé en disgrâce après la détérioration des relations entre Moscou et Bakou. Il a rapidement contesté cette étiquette, qualifiant sa situation de « malentendu ». Roman Alyokhin, blogueur pro-guerre, a, lui, été accusé de détourner des fonds destinés aux troupes russes, après avoir exposé sur ses réseaux une voiture de sport et une montre de luxe. Ce retournement montre que même les soutiens les plus engagés du Kremlin ne sont désormais plus à l’abri.

« Discréditation de l’armée russe »

Les purges continuent également de frapper ceux qui ont longtemps été considérés comme des ennemis du régime. La commentatrice d’origine ukrainienne Tatiana Montyan a été récemment qualifiée de « terroriste et extrémiste », une désignation réservée aux adversaires les plus redoutés du président russe. Elle fait également l’objet d’enquêtes pour détournement de fonds, rejoignant le sort d’anciens collaborateurs d’Alexeï Navalny.

En octobre, la chanteuse Diana Loguinova dite Naoko, le batteur Vladislav Leontiev et le guitariste Sacha avaient été placés en détention durant deux semaines, d’après Le Temps. « Leur ‘crime’ ? Avoir interprété dans les rues de la ‘capitale du Nord’ russe des morceaux de certains de leurs aînés, des musiciens bannis du pays pour leur opposition à l’invasion de l’Ukraine, comme Zemfira, le groupe Monetotchka ou le rappeur Noize MC », écrit le quotidien suisse. Leur détention a ensuite été prolongée, les accusations initiales de « hooliganisme » et de « trouble à l’ordre public » étant désormais complétées par celles, plus graves, de « discréditation de l’armée russe ».

Moscou n’a pas commenté ces mesures, mais l’ironie de la situation n’échappe pas à l’opposition de longue date. « Il est amusant de constater comment ceux qui n’ont jamais protesté contre l’emprisonnement des libéraux découvrent soudain que la justice en Russie est sélective, que n’importe qui peut être jeté en prison sans raison », observe Ivan Philippov, chercheur et spécialiste du mouvement pro-guerre en Russie dans les colonnes du Guardian. Pour beaucoup, ces purges rappellent la leçon cruelle de l’époque stalinienne : même les plus fidèles ne sont jamais à l’abri du régime.



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2025-11-06 18:42:00

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