Suivre le modèle d’un des pays européens les plus restrictifs en matière d’immigration. Selon la BBC, le Royaume-Uni serait prêt à prendre exemple sur les règles imposées par le Danemark aux demandeurs d’asile qui pénètrent sur son territoire. La ministre britannique de l’Intérieur, Shabana Mahmood, devrait annoncer un plan dans ce sens avant la fin du mois, souligne le média britannique. Des hauts fonctionnaires ont d’ailleurs été envoyés par Londres en octobre dans le royaume nordique afin de travailler sur la question, en observant directement les pratiques sur place.
En poste depuis deux mois, Shabana Mahmood a fait de la réduction de l’immigration outre-Manche une priorité. En septembre, elle avait promis au Congrès du Parti travailliste de « tout faire » pour renforcer les frontières britanniques, soumises à un afflux conséquent de migrants depuis de nombreuses années. Au 6 novembre, 37 575 personnes avaient par exemple déjà réussi à rejoindre illégalement les côtes du pays, après avoir traversé la mer via de petites embarcations. Un chiffre déjà supérieur à la totalité des migrants ayant accédé au territoire britannique de la même façon sur l’ensemble de l’année 2024.
Extrême droite en position de force
L’instrumentalisation de faits divers impliquant des migrants par différentes figures, comme l’activiste xénophobe Tommy Robinson, a placé le sujet migratoire comme l’un des thèmes centraux du débat public au Royaume-Uni. Le parti Reform UK, dirigé par son chef de file pro-Brexit Nigel Farage, caracole depuis des mois en tête de plusieurs sondages. De quoi inquiéter le gouvernement travailliste de Keir Starmer, impopulaire et contesté jusque dans son propre camp. Le Premier ministre cherche donc à se saisir lui aussi des problématiques liées à l’asile pour canaliser l’émergence du mouvement d’extrême droite.
Souvent mis en avant par les droites européennes comme une des nations modèles en Europe sur cet aspect, le Danemark a durement renforcé l’accès à son territoire ces dernières années. « Nous attendons des personnes qui viennent ici qu’elles participent et contribuent positivement, et si ce n’est pas le cas, elles ne sont pas les bienvenues », a résumé, toujours auprès de la BBC, Rasmus Stoklund, ministre danois de l’Immigration et de l’Intégration. Ce dernier est membre du parti social-démocrate au pouvoir et dirigé par la Première ministre de gauche, Mette Frederiksen.
Accès au séjour restreint et regroupement familial compliqué
Concrètement, que prévoit la loi danoise vis-à-vis des migrants qui arrivent à ses frontières ? L’accueil à long terme est seulement possible dans des cas précis, par exemple lorsqu’un réfugié est personnellement ciblé par le régime en place dans son pays. Pour les autres demandeurs, l’asile accordé au Danemark n’est alors que temporaire. Copenhague les renvoie dans leur nation d’origine lorsque cette dernière est considérée comme « sûre ». Les contraintes pour accéder à un regroupement familial ont également été durcies. Aucune personne de moins de 24 ans ne peut y avoir droit. Le membre de la famille vivant au Danemark ne doit par ailleurs bénéficier d’aucune prestation sociale danoise durant 3 ans et présenter des garanties financières solides.
Au sein du royaume nordique, une autre disposition va encore plus loin. En effet, les autorités danoises ont désormais la possibilité de détruire ou vendre des logements situés dans des immeubles considérés comme appartenant à des « sociétés parallèles ». Autrement dit, des bâtiments dont au moins 50 % des occupants sont qualifiés par Copenhague comme issus de « milieux non occidentaux ». Ces personnes ne peuvent par ailleurs pas du tout prétendre à un regroupement familial. Pour le moment, Londres n’a toutefois pas précisé si le gouvernement comptait reprendre ce type de concept, dénoncé comme « raciste » par certains élus travaillistes.
Division parmi les travaillistes
Le tour de vis migratoire à venir divise en effet les rangs du Labour. Le député Clive Lewis a frontalement critiqué le durcissement migratoire attendu. « Les sociaux-démocrates danois ont adopté une approche que je qualifierais d’intransigeante en matière d’immigration », a déclaré le député travailliste Clive Lewis, issu de l’aile gauche du parti, auprès du Guardian. « Ils ont repris nombre des arguments de ce que nous appelons l’extrême droite », a-t-il ajouté. À l’inverse, d’autres figures travaillistes soutiennent l’orientation souhaitée par Shabana Mahmood, invoquant une réponse à apporter face à la montée en puissance populiste dans le pays. « La conséquence, c’est que nous allons aborder des élections générales où Reform UK sera le principal adversaire dans la plupart des circonscriptions travaillistes… et nous serons anéantis », a justifié une autre parlementaire, Jo White, citée par la BBC.
D’après l’agence Press Association, la ministre de l’Intérieur souhaiterait rencontrer son homologue danois Rasmus Stoklund au plus vite pour échanger sur la question. En parallèle, d’autres mesures sont aussi évoquées sur le plan migratoire. Début septembre, le secrétaire à la Défense John Healey avait indiqué que les pouvoirs publics envisageaient de placer dans « des sites militaires » certains demandeurs d’asile. Une hypothèse confirmée fin octobre par le gouvernement. Selon The Times, jusqu’à 10 000 personnes pourraient être transférées dans des ex-casernes de l’armée en Écosse et en Angleterre.
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/immigration-le-royaume-uni-pret-a-suivre-le-modele-danois-pour-durcir-lacces-a-ses-frontieres-Q4EQUKRRHRGYHO47ZMOX6JI7VM/
Author :
Publish date : 2025-11-09 14:28:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.
