Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, ont confirmé dimanche avoir saisi dans les eaux du Golfe un pétrolier qui avait changé soudainement de cap vendredi dans le détroit d’Ormuz pour se diriger vers les eaux iraniennes, selon l’AFP. Vendredi 14 novembre à 4 heures du matin, « suite à une décision de justice ordonnant la saisie de la cargaison d’un pétrolier, le Talara, battant pavillon des Iles Marshall, les unités d’intervention rapide de la marine des Gardiens de la Révolution ont surveillé ses mouvements, l’ont intercepté et arraisonné », ont indiqué ces derniers dans un communiqué, cité par l’AFP. Les autorités iraniennes affirment que le pétrolier « transportait une cargaison non autorisée », sans fournir davantage de précisions. « Le pétrolier transportait 30 000 tonnes de produits pétrochimiques et se dirigeait vers Singapour. Il a été conduit ce matin à un mouillage afin de traiter les violations constatées », ont précisé les Gardiens.
Le Talara, construit en 2010, mesure 228 mètres et affiche 73 371 tonnes de port en lourd. Il appartient, selon la base de données Equasis spécialisée dans la sécurité des pétroliers, à la société chypriote Pasha Finance Inc. Le navire, parti d’Ajman (Émirats arabes unis) à destination de Singapour, a soudainement changé de cap dans le détroit d’Ormuz avant de se diriger vers les eaux iraniennes.
La société maritime Ambrey indique qu’il a été approché par trois petites embarcations avant de virer brusquement vers les côtes iraniennes et de se diriger vers Bandar-e-Jask, où une installation est contrôlée par la marine des Gardiens de la Révolution. Kpler, société d’analyse de données, rapporte qu’il a ensuite coupé ses communications radio.
Une zone sous haute tension
Il s’agit de la première interception de cette nature dans le détroit d’Ormuz depuis plus d’un an. Le commandement central américain, chargé de la région, a déclaré être au courant de l’incident et suivre « activement » la situation. « Les navires commerciaux bénéficient de droits de navigation et de commerce largement sans entrave en haute mer », a rappelé Centcom, cité par le Wall Street Journal.
Le détroit d’Ormuz, un passage clé pour le transport mondial de pétrole et de gaz naturel liquéfié, a été le théâtre de plusieurs incidents dans le passé et demeure un nœud géopolitique sensible. Les saisies de navires y sont rares, mais l’Iran a déjà menacé de fermer cette route stratégique lors de périodes de tensions. En 2024, il avait arraisonné le du navire MSC Aries, accusé d’être lié à Israël après une attaque meurtrière contre le consulat iranien en Syrie, imputée à l’Etat hébreu, avant de relâcher le navire en juin. Le contexte régional reste marqué par les affrontements entre l’Iran et Israël, les tensions persistantes autour du programme nucléaire iranien, ainsi que par les attaques menées en mer Rouge par les Houthis, milice yéménite soutenue par Téhéran.
Bloquera, bloquera pas ?
Affaibli par la guerre des Douze-Jours d’Israël et les assauts des États-Unis contre son programme nucléaire, la République islamique menace de bloquer le détroit d’Ormuz pour perturber le trafic mondial et faire monter les cours. Une telle décision aurait des effets considérables sur les flux pétroliers mondiaux, alors qu’un tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde transite par le détroit. Certains analystes, à l’instar de ceux des banques JP Morgan ou Goldman Sachs, prévoient qu’un blocage d’un mois pourrait propulser le prix du baril au-delà de 110 dollars, voire jusqu’à 130 dollars.
Mais un blocage du détroit ne serait bénéfique pour personne, et pas même l’Iran, qui détient 11 % des Réserves pétrolières prouvées mondiales selon l’Agence internationale de l’énergie, et dont 35 % des recettes publiques au moins dépendent des exportations de pétrole. Il constituerait une véritable déclaration de guerre envers Oman, placé au sud du détroit, et tous les pays dépendants d’Ormuz pour exporter leur pétrole, comme l’Arabie saoudite, l’Irak, les Emirats arabes unis, le Qatar, ou le Koweït. Sans compter Israël et les puissances occidentales, en premier lieu des Etats-Unis. De bonnes raisons pour laisser Téhéran y réfléchir à deux fois.
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Publish date : 2025-11-15 13:34:00
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