Donald Trump a marqué une première pause dans sa vaste offensive commerciale, jeudi 8 mai, en annonçant un compromis « historique » avec le Royaume-Uni. Le président américain s’est dit « ravi » de dévoiler un accord le jour anniversaire de la victoire des Alliés en 1945. Ce compromis surprise semble avoir été scellé à la dernière minute : la veille, alors que le Premier ministre britannique Keir Starmer regardait jouer son équipe de football favorite, Arsenal, il a reçu un appel impromptu de Donald Trump. Le Britannique n’avait pas prévu de conclure cet arrangement commercial aussi tôt, mais a fini par s’y rallier.
Keir Starmer s’est félicité de cet accord « extrêmement important » pour des secteurs stratégiques de l’économie britannique comme l’industrie automobile et la sidérurgie. En particulier, la surtaxe de 25 % imposée par les Etats-Unis sur les voitures importées qui sera réduite à 10 % pour les véhicules britanniques. L’accord prévoit également d’autoriser l’importation en franchise de droits de douane de moteurs et de pièces détachées Rolls-Royce – célèbre construction britannique d’automobiles de luxe. Une manière pour Londres de préserver ses intérêts industriels tout en évitant une guerre commerciale ouverte.
En échange, le Royaume-Uni s’engage à commander des avions Boeing et garantit un meilleur accès des agriculteurs américains aux marchés britanniques, « en particulier pour le bœuf américain, l’éthanol et quasiment tous les produits que produisent nos chers agriculteurs », affirme le président américain. Ce geste envers l’agrobusiness reflète l’un des piliers de la stratégie économique de Donald Trump : redynamiser les exportations agricoles nationales. Une annonce politique qui témoigne également de l’approche imprévisible du président américain, qui entend imposer son tempo dans les négociations.
Pas d’effet domino pour les autres pays
Reste à savoir si cet accord américano-britannique pourrait être transposable à d’autres partenaires. A ce sujet, le Wall Street Journal tempère l’enthousiasme : » Le Royaume-Uni était une cible facile, les Etats-Unis bénéficiant d’un excédent commercial de biens avec ce pays, contrairement à la Chine, troisième partenaire commercial des Etats-Unis pour les biens en 2024, selon le Bureau du recensement. » Dans les colonnes du quotidien américain, un diplomate de l’Union européenne estime toutefois que le précédent britannique pourrait fournir un modèle de négociation, à condition de prendre en compte les différences structurelles. Le marché britannique est « plus petit, mais aussi plus unifié », que celui de l’Union européenne, rappelle-t-il.
De son côté, le ministre américain du Commerce, Howard Lutnick, a précisé dans la soirée que cette surtaxe de 10 %, qui se cumule avec les droits de douane précédemment en vigueur, était le meilleur scénario possible pour les partenaires commerciaux des Etats-Unis. « Le plancher de 10 %, c’est pour tous ceux qui ont des échanges équilibrés avec nous », comme le Royaume-Uni, a-t-il répété sur la chaîne de télévision CNBC, ajoutant que les droits de douane seront « probablement plus élevés » pour les pays qui exportent plus vers les Etats-Unis que l’inverse, comme l’Union européenne. L’occasion de rappeler l’objectif de Washington : ériger des barrières ciblées aux pays excédentaires.
Howard Lutnick a également reconnu que « beaucoup de travail reste à faire » avec le Japon, l’Inde, la Corée du Sud et l’Union européenne, espérant toutefois des avancées d’ici début juillet. Donald Trump a assuré que la Chine tout comme Bruxelles (UE) voulaient passer des accords avec lui. Plus tard dans la journée de jeudi, le président américain s’est d’ailleurs entretenu par téléphone avec le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz. Les deux hommes sont convenus, selon le gouvernement allemand, de mettre fin « rapidement aux différends commerciaux » entre les Etats-Unis et l’UE. Mais les Vingt-Sept ont menacé le même jour de taxer pour 95 milliards d’euros d’importations américaines, dont les voitures et avions, en cas d’échec des négociations.
Les observateurs du marché se tournent en particulier vers Genève, où les Etats-Unis et la Chine tenteront d’aplanir leurs divergences ce week-end », écrit Jose Torres, d’Interactive Brokers. Le président américain a prévu que les négociations avec Pékin seraient « considérables » et demandé que le marché chinois « s’ouvre » aux entreprises américaines. Objectif pour les deux pays : sortir de la désescalade. Sous couvert de vouloir rééquilibrer les relations commerciales, Donald Trump avait imposé des surtaxes supplémentaires, atteignant désormais les 145 % sur de nombreux produits chinois. Et Pékin avait répliqué avec des droits de douane de 125 % sur les importations américaines, ainsi qu’avec d’autres mesures ciblées. De quoi annoncer des discussions tendues.
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Publish date : 2025-05-09 10:30:00
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